jean-luc froissart

Alexandre, Albert et Angéline Lenoir
Une dynastie en A majeur (1761-1891)

par Jean-Luc Froissart, 2012
(Jean-Luc Froissart éditions, 300 pages)


Bonnes pages

D’Albert Lenoir, fils aîné d’Alexandre, on peut discerner un trait dominant : venger son père ! Qu’il appartienne parmi les premiers, avec Proper Mérimée et Victor Hugo, au Comité des monuments historiques, ou qu’il crée la Société centrale des architectes (qui dure encore sous le nom d’Académie d’architecture), qu’il soit le fondateur du Musée de Cluny ou de la Statistique monumentale de Paris, qu’il soit l’auteur de nombreux ouvrages et de très nombreux articles sur l’architecture et l’archéologie ou qu’il devienne académicien, l’ambition qui le pousse n’est pas personnelle. Il a vécu, comme toute la famille, si douloureusement l’humiliation subie par son père en 1816, il a souffert si durement la réclusion de cet homme abattu, qu’il a voulu, en toutes choses, en tous lieux, rétablir son honneur. Admirable fidélité d’un fils aimant et modeste !

Angéline Lenoir est la deuxième fille d’Albert, avant Alfred, le sculpteur. Ils sont tous les deux concernés par la troisième partie de ce livre, et l’on suit notamment Alfred à Péronne où il fuit la Commune. Mais Angéline, la jeune poétesse, le boute-en-train de la famille, est l’arrière-grand-mère de l’auteur, ce qui lui confère une place privilégiée. Et pourquoi ne célébrerait-on pas son courage, elle que son père, fort maladroitement, a mariée à un imprimeur en taille-douce qui aimait l’argent. Elle en fut si abattue qu’elle en mourut. L’ayant connue gaie et pétillante d’initiatives, on suit le calvaire de ses deux dernières années avec accablement. Ce mariage aura un avantage : la naissance de Suzanne qui, 16 ans plus tard, rencontrera Georges Peignot.